

La céramique est riche d’enseignements, théoriques et techniques bien sûr, et aussi personnels, de nouvelles ressources à faire mûrir : la concentration, la patience, l’acceptation…
Le grès et la porcelaine sont des matières vivantes, façonnées par nos mains sur le tour ou modelées sur la table en bois.
Le contact entre la peau, l’eau et la terre douce, le geste fluide, l’idée en tête qui évolue : tout entre dans le mouvement croisé du laisser-faire, du laisser venir, et de la concentration intense, que l’on nomme aussi le « flow ».
Cet «état de grâce» lors duquel la concentration est telle que nous nous sentons complètement absorbé.e.s par la tâche, indifférent.e.s à tout le reste.
Sur le tour ou sur la table de modelage, on ne triche pas. On accompagne la terre, on lui donne une forme selon notre idée de départ, mais aussi en lien avec notre état intérieur. C’est aussi le moment où l’on ralentit, notre rythme se cale sur celui de la terre, elle-même si imprévisible.
Les mains dans la terre, elles ne peuvent papillonner ailleurs… Elle oblige à une attention dévouée.
Les mains dans la terre, on se sent humble et souple, c’est un retour à la nature, on ne recherche ni perfection, ni rigidité, ni symétrie, ni artificialité.
Les mains dans la terre, on accepte d’être soi, dans toute notre unité, avec notre bagage, notre histoire, notre présence tel qu’ils sont à l’instant, uniques, précieux, imposants ou fragiles, fardeaux ou plumes.
On adopte l’attitude simple et curieuse, on passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et on laisse la vie œuvrer en soi…

